Ils en ont sous le casque. Du talent, c’est sûr, mais on le sait depuis une bonne vingtaine d’années. Mais surtout de l’émotion, quand Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem Christo, tout de blanc vêtus, apparaissent dans un décor de studio d’enregistrement sur la scène du Staples Center lors de la cérémonie des Grammys à Los Angeles. Avec eux, Nile Rodgers (leader culte de Chic) à la guitare, Pharell Williams à la voix et… Stevie Wonder au clavier. Tous unis pour entonner, en choeur, Get Lucky, le tube extrait du dernier album, Random Access Memories, qui sera auréolé d’une récompense américaine. La première d’une série de cinq. Mais ces titres de gloire seraient presque anecdotiques si l’on prend la peine de se mettre quelques instants dans la tête de nos deux robots. Car l’événement, pour eux, est forcément ailleurs. Depuis deux décennies, Thomas et Guy-Man transforment, étapes après étapes, leur rêve de petits garçons fans de musique en réalité. Et aujourd’hui, ils doivent sans doute encore se pincer pour croire ce qu’ils ont vécu un certain dimanche 26 janvier devant des millions de téléspectateurs. Imaginez deux français, portés aux nues par un parterre de stars planétaires (Beyoncé, Katy Perry, Ringo Starr, Jay-Z…), partager leur musique avec deux monstres sacrés de l’industrie du disque que sont d’abord Nile Rodgers puis évidemment Stevie Wonder, le maître, l'une des rares légendes encore vivantes de la Soul Music. Des idoles de jeunesse venues spécialement pour interpréter votre œuvre... Impensable, inouï. Mais ils l’ont fait. Car au-delà d’une simple performance, les Daft Punk, avec Random Access Memories, touche du doigt un sommet que personne n’avait sans doute jamais atteint. Un accomplissement personnel que seule une âme de gamin, pleine de fraicheur, rend possible. Qui dit mieux ? Giorgio Moroder (Midnight Express, Donna Summer...), Nile Rodgers, Paul Williams (Phantom of Paradise), Nathan East (bassiste pour Quincy Jones, Michael Jackson, Steely Dan…), Omar Hakim (batteur pour Dave Grusin, Chaka Khan, Herbie Hancock…) et… Stevie Wonder. Ah Stevie... L'écouter chanter (même avec une voix hésitante) un couplet de Get Lucky, se laisser tenter par un petit Another Star (parfois maladroit) parsemé de "Around The World". Magique. Et que dire que de cette apparition furtive du Freak subrepticement "basslinisé" par le tube des Daft... Un rêve ? Une fiction ? Rien de tout cela. Simplement deux potes fuyant la célébrité pour ne viser qu'un seul dessein : le plaisir. Et du plaisir, ils en ont sous le casque. Et ça se voit. T.G
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