Quel est le point commun entre Patrick Juvet et Pierre Bachelet ? Les plus méchants lâcheront sans doute dans un élan de spontanéïté le mot « ringards ». Pour ne pas dire plus. D’autres, plus au fait des arcanes de la musique, dénicheront le piège soulevé par cette question forcément « vache ». Car l’auteur de « Où sont les femmes ? » et celui des « Corons » ont tout les deux participé aux prémices de la "French Touch" durant les années 70 - 80. Et oui ! Et on (re)découvre leurs travaux dans Cosmic Machine, A Voyage Through French & Cosmic Electronic Avantgarde (Because), une excellente compilation élaborée par Olivier Carrié alias Uncle O qui se propose d’exhumer des pépites électro insoupçonnées et millésimées dont les auteurs ne peuvent être que fiers. Et c’est donc notamment le cas de Patrick Juvet qui nous avait gratifié, en 1979, du titre « Le rêve » composé pour la B.O du film Laura, les ombres de l’été du réalisateur David Hamilton. Ou encore du très suave et « moogisant » Motel Show signé Bachelet et glissé, lui aussi, sur une B.O, celle d' Un amant romantique de Just Jaeckin (Emmanuelle). Véritable caverne d’Ali Baba, ce "rétro-disque" qui met à l’honneur Mini Moog, Arp 2600 et autres synthétiseurs vintage, montre que nos petits frenchies, même les plus inattendus, ont été, à un moment de leur carrière des précurseurs, voire même des contributeurs en matière de musiques électroniques.
Papa "Daft Punk"
Et si Jean-Michel Jarre ou encore Cerrone, qui figurent au générique de cette exploration, semblent plutôt à leur place dans ce parcours futuriste, l’auteur de la compilation leur a tout de même déniché des perles comme le Black Bird composé par un certain Jammie Jefferson (pseudonyme de Jean-Michel Jarre en 1971 qui faisait partie du groupe The Pop Corn Orchestra) et Le Générique-début du film Brigade Mondaine (1978) pour l’auteur de Supernature. Même le grand Serge Gainsbourg a bousculé ses notes et ses instruments pour accoucher d’un somptueux et très soutenu Le physique et le figuré (dans lequel on reconnait les accords de Love on the Beat qui sera publié 3 ans plus tard) co-réalisé avec Jean-Pierre Sabar (1981). Avec une fréquence de BPM à faire pâlir de jalousie les Heretiks. Pour le clin d’œil à notre époque, on notera aussi la présence, sur le CD bonus à l’édition vynile, du synthétique Aqua signé DVWB soit le duo Wally Badarou et Daniel Vangarde, le papa de… Thomas Bangalter des Daft Punk. Agréable, étonnante, qualitative, Cosmic Machine se révèle comme une indispensable compilation pour ceux qui apprécient les sorties musicales hors des sentiers battus. T.G
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