On aurait sincèrement aimé ne pas avoir à écrire cet article. A l’annonce de la sortie de ton nouveau single, après dix années de silence discographique, nous, public, étions excités à l’idée de pouvoir à nouveau écouter la « prose combat » d’un pionnier qui, même s’il s’est parfois artistiquement égaré, gardera éternellement son statut. Il y avait sans doute tout à craindre de ce retour aux affaires dans une époque où la face du rap a radicalement changé et dans laquelle les aspirations musicales en la matière tendent vers un genre que les plus de 35 ans ont du mal à vouloir connaître. Mais il reste encore quelques représentants, jeunes et moins jeunes, qui portent l'étendard avec conviction, fierté et talent. Et tu aurais pu en faire partie. Tu aurais même du en faire partie. Car après avoir lâché les 10 premières secondes de ce nouveau titre sur les réseaux sociaux, la toile a tressailli de plaisir pour les fidèles adeptes ou de curiosité pour les plus sceptiques voire les plus critiques. Mais nous étions tous intérieurement content de te voir reprendre le chemin des studios. C’est donc ce vendredi 1er septembre qu’apparaît Sonotone (Play Two), ce single tant rêvé et tant fantasmé par la « raposphère » depuis si longtemps. Un titre à l’intitulé prémonitoire évoquant à la fois le temps qui passe et les objets du passé. Après 3 minutes et 50 secondes d’écoute, on se dit que, finalement, l’occasion de retrouver notre Claude MC s’est (encore) envolée.
Si le verbe et la syntaxe, la rime et le flow, sont toujours là (oui, la patte Solaar est sauve), l’habillage sonore, lui, fait cruellement défaut et retombe dans les travers d'une musique sans émotion. Pourtant, l'appel du pied de Jimmy Jay, ton beatmaker (avec Zdar et Boombass) et ex-complice du Posse 501, qui avait posté il y a quelques mois sur Facebook ce magnifique et inédit Sentinel Nord, nous faisait sincèrement saliver à l'idée que tu puisses envisager la réactivation d'un des duos les plus emblématiques du rap français. Il n'en fut rien. En tout cas, pas sur ce Sonotone qui nous aide à entendre le moins bon de ce que tu es capable. Franchement, ce "j'aurais voulu te dire que je m'en vais" lâché en fin de titre, ce clin d'oeil à Serge Gainsbourg à qui tu as par le passé majestueusement emprunté quelques notes de Bonnie & Clyde, devient ici un plat gimmick passé par le prisme de la talkbox, laissant une impression amère à nos oreilles inexorablement hantées par des "classics" avec lesquels on espérait (enfin) renouer. L'occasion était vraiment trop belle pour ainsi la gâcher. Ces critiques, aussi frontales soient-elles, traduisent aussi l'affection que nous portons à MC Solaar. Aussi, patientons encore jusqu'au 3 novembre (date de sortie de l'album) pour juger sur (19) pièces ce Géopoétique. On a envie d'y croire. Car il serait dommage que ce Sonotone débouche sur un automne monotone...
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