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Dire que le premier album de Mr Flash était attendu est un doux euphémisme. Car si Gilles Bousquet est un artiste plutôt secret, son pseudonyme, lui, est celui le plus soufflé dans le microcosme de l'electro. Alors quand on apprend que son Sonic Crusader (Because / Ed Banger) va attérir sur Terre, on trépigne d'impatience. Quitte à même accepter de devoir supporter une possible déception. Un sentiment qui ne surgira pourtant à aucun moment. Bien au contraire. Car, à ce jour, ce disque est dans doute le plus réussi de l'écurie dirigée par Pedro Winter.

Et si Todd Terje avait trouvé son challenger le plus féroce dans sa course au titre de l’album le plus réussi de l’année ? En tout cas, Gilles Bousquet alias Mr Flash défie le Norvégien avec un puissant premier album intitulé Sonic Crusader (clin d'oeil à un article du magazine Britannique Dazed & Confused sur les débuts du label Ed Banger, ndlr). Bien plus barré et peut-être moins accessible (quoique), que celui de son (amical) concurrent, ce long format inaugural marque de nombreux points. On y découvre toutes les facettes de ce grand collectionneur de vinyles, devenu producteur pour Mos Def, Kanye West ou encore Sébastien Tellier.

Orchestre cinématique

Et ca démarre fort avec le titre Motorcycle Boy, une machine à influences dans laquelle les cuivres "Soul" côtoient, la guitare Folk et l’Harmonica. Un « Grand Barnum » qui semble annoncer un disque complètement foutraque. Et bien non ! Mr Flash, après avoir fait et défait des dizaines de fois ses compositions, accouche d’un album en tout points majestueux et très porté sur la musicalité. Confirmation dès le 3e morceau, le bien nommé Number One. La force de frappe d’un Hip Hop façon « Phat Beats » avec en featuring le rappeur barbu Action Bronson. Lourd. Cet amoureux des samples (éprouvés sur sa MPC avec son voisin de palier Tido Berman du groupe TTC) a la tête en fusion. Et cela se ressent dans la conception de son premier « bébé ». Mr Flash prend la route de la disco avec un Venus in Furs de toute beauté. "Summer is magic". Une disco déclinée sur fond de psychédélisme avec Disco Dynamite. Et preuve que l'artiste possède plus de mille tours dans son sac de 33, il claque un magnifique Dazzle In The Dusk, au beau milieu de plages dansantes. Une ode à la contemplation avec des beats lourds qui tranchent avec des envolées au piano teintées de claviers savamment cuivrés. On en veut encore et encore. Domino Part A débute sur des notes évoquant la nostalgie et se poursuit sur un voyage dans les années 80 entre B.O de Rocky et autres références cinématiques multiples et vintage. On exulte. La Part B se veut plus dansante et minimaliste, de l’electro new-wave intense et solaire. Sur Midnight Blue, Gilles Bousquet rend ensuite hommage à la Funk, celles des années West End Records ou Salsoul avec cette patte « Breakbotienne », adjectif dérivé, vous l’aurez compris, de son christique comparse de l’écurie Ed Banger.

"Be kind rewind"

Et si les trois morceaux qui suivent cassent un peu le beau rythme et la cohésion qui prévalait jusqu’alors, les pistes 14 et 15 viennent définitivement parachever un travail d’orfèvre transformé en coup de maître. Alors oui, dans sa globalité, on pourra encore et encore regretter ces deux ou trois petits couacs sans gravité car tellement subjectifs. Pourtant, le Sonic Crusader de Mr Flash, enfant de la "French Touch 1.0", restera sans doute comme un album poids lourd de cette "French Touch 2 voire 3.0" qui se cherche encore parfois. Et The Wake, dernière perle enfilée par Mr Flash, sonnera durablement comme le générique de fin d’un bon film que l’on se plaira à revoir. Dans une heure, dans deux jours, dans une semaine, un mois, une année… T.G