CLUB. Une énorme spirale dessinée sur une toile et sur laquelle sont projetées des dates clés au fur et à mesure que la soirée avance. Devant, enveloppé dans une combinaison immaculée, le "sorcier des platines" explore le temps électronique avec une précision et une dextérité ébouriffante. Qui peut encore douter du talent, que dis-je, du génie de monsieur Jeff Mills, 50 ans tout ronds (eh oui, les amis !) ? Arrivé à l’âge de la maturité (comme le veut l’expression consacrée), cet activiste Techno, membre à vie du collectif Underground Resistance qu’il a fondé avec l’énigmatique Mad Mike à Detroit, propose depuis une petite année une extraordinaire et surprenante résidence à La Machine du Moulin Rouge (ex-Loco) à Paris. Le concept intitulé « Time Tunnel » (Au cœur du temps, en français) et inspiré de la série télévisée Américaine éponyme (créée par Irwin Allen, diffusée entre 1966 et 1967 aux Etats-Unis et en 1987 en France sur La Cinq ) propose au « clubber » d’effectuer un voyage musical à travers les différents âges d’or de la musique électronique : passé, présent et même futur. De la disco et de la Funk des années 70 en passant par les prémices de l’électro à la fin des années 80 jusqu’à l’avènement de la techno au milieu des années 90, Jeff Mills fait et défait les BPM sur ses platines en diffusant des titres souvent rares (notamment de la musique traditionnelle), parfois méconnus et d’autres qui ont façonné définitivement la manière de concevoir les boucles mécaniques, hypnotisantes et festives. A chaque changement d'époques, "The Wizzard" (le pseudo de ses glorieux débuts Hip Hop au milieu des années 80, ndlr) distille le petit générique intriguant de Time Tunnel avant de basculer dans une nouvelle ambiance. Un nouveau monde...
Au fil des rendez-vous, la scénographie s’est étoffée de nouveaux "happenings". Lors du deuxième "Time Tunnel", les spectateurs ont eu notamment droit à des danses Balinaises. Et surtout un enchainement de mixes éclectiques et exceptionnels dans lesquels on reconnaît instantanément la patte du maître : précision, transmission, divertissement, montée, descente. Bref, du son plein les esgourdes pendant des heures et des heures et un public suspendu dans les méandres d’une spirale spacio-temporelle dont on se plait à ne jamais voir la fin. Pour ceux qui n’ont jamais vu et entendu à l’œuvre cet artiste réputé pour ses prestations Techno tendance plutôt dure, l’heure est venue de découvrir Jeff Mills sous un jour sans doute plus accessible. Un Jeff Mills conteur d’histoires, guide d’une certaine idée de la musique électronique et historien du BPM. Le DJ compositeur, qui a désormais élu domicile à Paris, a fait son retour à La Machine le vendredi 31 janvier 2014 pour une troisième exploration du « Tunnel ». Moins de happenings cette fois, mais une séquence de Vjaying d'anthologie lors de l'exploration du Jazz. Pour le reste, Jeff Mills a laissé parler sa Techno, celle à la fois sombre et chaleureuse de Detroit, celle qui nous transporte depuis ses débuts, celle qui a du sens. Ce vendredi 31 janvier, "The Wizard" a encore frappé. Fort. Très fort. Trop fort. Car Jeff Mills est sans doute le meilleur DJ de tous les temps. Assurément. T.G
Le Jazz version Jeff Mills.
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